Des bactéries du microbiote participeraient à l'apparition de la démence à corps de Lewy

Parmi les maladies neurodégénératives, il existe la famille des synucléinopathies comme la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy. Un déséquilibre dans le microbiote a été observé chez des patients malades, offrant une piste de traitement pour ces pathologies incurables.

Le microbiote intestinal est un élément central pour notre santé, les micro-organismes qui le composent peuvent communiquer avec le cerveau en sécrétant des métabolites qui voyagent dans l'axe intestin-cerveau. Bien au chaud dans le tube digestif, ils peuvent donc influencer ce qui se passe dans le cerveau, et parfois participer à l'apparition de maladies. Aujourd'hui, des chercheurs japonais ont identifié trois bactéries qui pourraient favoriser la démence à corps de Lewy, une maladie neurodégénérative incurable proche de Parkinson : Collinsella, Ruminococcus, and Bifidobacterium. 

Des déséquilibres du microbiote chez des patients malades

Le microbiote des patients atteints de la maladie à corps de Lewy présente des similitudes avec celui des patients parkinsoniens. Un genre bactérien, Akkermansia, qui produit des acides gras à courte chaîne dont l'absence ou la diminution de production est associée à plusieurs maladies neurodégénératives, métaboliques ou inflammatoires. Mais les scientifiques japonais ont aussi découvert des déséquilibres du microbiote propre à la démence à corps de Lewy.

Les genres Ruminococcus et Collinsella sont présents en proportion plus importante que la normale. Ces bactéries sécrètent une enzyme qui fragilise la paroi intestinale en la perméabilisant quand elle est présente en trop grande quantité. A contrario, la proportion de Bifidobacterium, une bactérie probiotique, est plus faible qu'attendu. Ces bactéries synthétisent des protéines qui ont un effet positif sur la croissance, le développement et le maintien des neurones dans le cerveau et les nerfs.

Des pistes de traitement pour une démence incurable

Ces observations ont été faites sur les selles prélevées chez 278 patients atteints d'une α-synucléinopathies, dont la démence à corps de Lewy (28 personnes), la maladie de Parkinson (224 personnes) et de trouble comportemental en sommeil paradoxal (iRBD en anglais, 26 personnes), et offrent des pistes de thérapies intéressantes. Rétablir les déséquilibres dans la flore des patients, en leur donnant des probiotiques, pourrait retarder la neuro-inflammation typique de ces pathologies.

« La présence de bactérie intestinale typique de la démence à corps de Lewy pourrait expliquer pourquoi certains patients développent Parkinson et les autres cette forme de démence », conclut Kinji Ohno, neuroscientifique à l'université de médecine de Nagoya et premier auteur de l'étude parue dans npj Parkinson's disease.